Chaque année, Serge Ngono organise, pendant un mois, à la sous-préfecture de Nlongkak, une mini-exposition et ventes de fournitures scolaires appelée « Foire de la Rentrée ». À travers cette initiative, il veut briser la surenchère des prix généralement observée à la veille de la rentrée scolaire et donner l’opportunité aux familles pauvres d’avoir des produits de meilleure qualité, à bas prix.
Depuis ce matin, Serge voit défiler beaucoup de parents dans son stand. Il s’empresse d’accueillir Éva, une jeune femme. Il lui présente aussitôt l’essentiel des produits. Ce geste, il le repète depuis deux semaines, toujours aussi motivé et sérieux. Avec sourire et diligence, il accueille sa clientèle, constituée en majorité de parents d’élèves et d’étudiants. Éva affirme : «A l’approche de la rentrée scolaire, je cherche des fournitures de bonne qualité, à bas prix. C’est pour cela que je suis ici ».
Comme Eva, Agnès, est l’une des habituées des lieux. « La période de rentrée scolaire est toujours une source de grande frustration et d’inquiétude pour les familles pauvres. Les prix des fournitures scolaires augmentent sans cesse. Les libraires et autres commerçants qui sont des parents comme nous, ne cherchent malheureusement qu’à s’enrichir. C’est pour cela quece genre d’initiative est la bienvenue » dit-elle, avant d’appeler à sa pérennisation.
Serges vend des chaussures, des sacs, des cartables, et d’autres accessoires. Ces produits viennent pour la plupart de France et de Belgique. Ici, les prix pratiqués sont deux fois moins élévés que dans les grandes surfaces. Il espère ainsi attirer un maximum de parents et d’élèves. Son objectif est « de donner la possibilité aux parents d’avoir de bonnes fournitures à des prix inférieurs à ceux du marché en général ».
Faciliter l’éducation des enfants, fournir des produits de meilleure qualité, c’est l’initiative de sa sœur que l’enseignant – commerçant veut pérenniser. Avec une boutique à CASINO et une autre à PLACE, le célèbre centre commercial de Warda, ils ont voulu, au-delà de l’activité lucrative, aider les familles démunies. « Les produits que nous avons ici sont les mêmes que nous vendons dans nos boutiques. Là-bas, nous les vendons bien plus cher. Ici, c’est la solidarité. Étant enseignant, je voudrais voir tous les élèves bien chaussés, être prêts pour l’école. Et en tant que parent, je voudrais donner un coup de pouce à d’autres parents. »
Bien que l’initiative soit appréciée, pour certains parents, les prix restent inaccessibles. Par exemple, une paire de chaussures coûte entre sept et dix mille francs CFA. Pour Christine, malgré la qualité, cela ne lui offre qu’une très faible marge de manoeuvre, en raison dunombre élévé de ses enfants et petits-enfants. Elle espère tout de même que cette action se multiplie sur l’ensemble du pays, et bénéficie, à l’avenir, de l’appui des pouvoirs publics.
La foire de Nlongkak, ouverte le 29 juillet dernier, fermera ses portes le 6 septembre prochain.
Yves Zembida