séminaire de formation sur la myciculture (culture des champignons) a été organisée lundi dernier à Yaoundé. A l’initiative, une startup local, ABIC. L’objectif est de stimuler la production des champignons comestibles au Cameroun pour en faire un levier de développement et de lutte contre la malnutrition et la vie chère.
Le thème de cette formation est la « Myciculture, une solution pour réduire la pauvreté et la faim ». Première étape d’un programme qui va s’étendre sur plusieurs mois, le séminaire de formation sur la myciculture ou fungiculture tenu au siège du groupe ABIC, a réuni des participants d’horizons divers, avec en commun, la passion pour ce type de culture.L’ingénieur agronome Stéphane Fouapou, promoteur, se félicite du succès. « Au départ, nous sommes convenus de former vingt jeunes entrepreneurs intéressés par la myciculture. Mais, nous avons eu plus de demandes. C’est déjà un facteur encourageant.
De l’enthousiasme, il y en a, parmi la quarantaine de participants, parmi lesquels des agriculteurs, des étudiants, des commerçants et même des enseignants. C’est le cas de Christine, qui a découvert le métier depuis bien longtemps mais, faute de moyens n’a pu se former. Cette année est la bonne et elle dit déjà ses motivations : « je suis intéressée par l’agriculture et principalement la culture des champignons depuis plus de 8 ans. Par manque de moyens et de temps, j’ai dû abandonner ce projet. Cette fois, j’ai épargné un peu d’argent pour me lancer et je suis hyper motivée. Cette culture à ceci de particulier qu’elle ne nécessite pas beaucoup d’investissements. Donc c’est une opportunité que je veux saisir et j’encourageles jeunes à faire de même. »
Forestier, Victor, lui, envisage de se reconvertir à l’agriculture. Après 30 années à servir le pays, il veut préparer sa retraite en tant qu’agriculteur. Il voit dans ce séminaire une opportunité de se faire de l’argent. « Mes besoins et les besoins des enfants sont toujours pressants. Je veux devenir entrepreneur pour produire et commercialiser les champignons. C’est une activité lucrative, rentable, qui ne nécessite pas beaucoup de moyens. En plus, je suis personnellement grand consommateur de champignons, ce qui me permettra d’améliorer la qualité de mon alimentation est celui de mes enfants », confie-t-il.
La culture des champignons comestibles accuse du retard au Cameroun. Les données officielles n’existent pas pour évaluer la production locale. La consommation se fait au gré des saisons, celle des pluies étant la plus favorable à la pousse sauvage. Les organisateurs de ce séminaire veulent inverser la tendance en professionnalisant l’activité et en multipliant la production.
Les experts font, d’entrée de jeu, un constat alarmant à l’ouverture du séminaire : la paupérisation va croissante, l’augmentation du coût de la vie et la malnutrition progressent à grands pas. C’est dire toute l’urgence à revoir les pratiques agricoles. Et d’après Stéphane Fouapou, les solutions à ces problèmes se trouvent dans le changement de paradigmes agricoles : « l’agriculture reste largement dominée par les méthodes traditionnelles ». Ce séminaire est donc une étape importante en vue de la transformation de l’agriculture, afin d’avoir un impact positif sur la production et sur le rendement. Pour les experts, il est utile d’implémenter des techniques nouvelles capables de préserver la nature, faire reculer la pauvreté tout en créant des emplois : « certains pays, en Afrique de l’ouest et à travers le monde, à l’instar de la Chine, ont transformé l’agriculture en utilisant ces nouvelles techniques. Si nous n’adaptons pas nos pratiques agricoles aux techniques et technologies nouvelles, notre pays pourrait rester pauvre », renchérit l’ingénieur.
Les formations continuent avec, à la clé, la signature de contrats de collaboration entre les participants, de jeunes start-up et le groupe ABIC, pour une production à grande échelle des champignons comestibles. Les objectifs à court et moyens termes sont la vulgarisation des nouvelles technologies et la production de vingt tonnes d’ici un an.
Yves Zembida