Le partenariat entre les deux pays a conduit à une remise des dons d’équipements et de matériels de pêche aux pêcheurs Batanga. C’était Vendredi 06 Septembre 2024. Une initiative qui vise à donner de l’élan à l’activité au niveau local.
Ngoyé, la plage de Kribi, sur l’Atlantique, s’active ce matin. L’activité économique des jours ordinaires est aux arrêts. La musique à vous rompre le tympan se fait entendre au loin. Le jour s’est levé plus tôt pour les pêcheurs. En masse, ils sont venus assister à la cérémonie qui met en honneur leur activité. Maman Henriette, braiseuse de poisson sur la plage, est venue assister et surtout donner de la voix pour remercier les donateurs : « je n’ai pas vendu aujourd’hui à cause de la cérémonie que nous avons à la plage. Cela ne nous dérange pas. On va donner du matériel aux pêcheurs. C’est une bonne chose parce que cela leur permettra de ramener plus de poisson que nous allons acheter moins cher ».
Le matériel réceptionné par le Centre communautaire de la pêche artisanale de Kribi (CECOPAK) est un don de l’ambassade du Japon. Il rentre dans le cadre d’un vaste programme de développement économique et social que pilote la Japan International Corporation System (JICS) dans les pays en voie de développement. D’une valeur de cinq cents millions de francs CFA, le don est constitué de 35 moteurs hors-bord de 15 chevaux, 2 unités de fabrique de glace en écaille d’une capacité de 6 tonnes/ jour, un groupe électrogène et un pick-up double cabines. A travers le ministère de l’élevage, de la pêche et des industries animales (MINEPIA), le gouvernement camerounais a, lui aussi, tenu à soutenir ces efforts avec 45 pirogues de dix mètres en bois de Padoue et 90 pagaies, 213 palettes d’exposition, 09 caisses isothermes ainsi que 45 gilets de sauvetage remis au CECOPAK.
Depuis de nombreuses années, le Japon soutient le secteur de la pêche au Cameroun. Le programme JICS lancé et conclu en 2021 vient renforcer les liens déjà étroits entre les deux pays. Selon Shun Aoki, représentant de l’ambassadeur du Japon au Cameroun, la livraison de ce matériel est une opportunité de partage de savoir-faire. Pour le Dr Taïga, ministre de l’élevage, de la pêche et des industries animales, « la filière de la pêche est appelée à contribuer de manière significative au développement socioéconomique du Cameroun. Cela est d’autant plus vrai que le développement durable de la pêche peut améliorer la sécurité alimentaire et les moyens d’existence des acteurs ».
Crée en 2006, le CECOPAK comptait 180 pêcheurs pour 80 pirogues. On y dénombrait aussi 150 mareyeuses pour une production annuelle de 400 tonnes de poisson. Aujourd’hui, elle compte 300 pêcheurs, 130 pirogues, 350 mareyeuses, pour une production annuelle de 2000 tonnes. Avec ce nouvel appui, les conditions de vie des pêcheurs ainsi que celles de la population se trouveront améliorées. C’est un point de vue que partage Hassan, un jeune pêcheur, qui se souvient des difficultés liées à son activité : « nous avons un matériel vieillissant, qui nous cause beaucoup de problèmes dans nos sorties en mer. Parfois, les moteurs tombent en panne. Et les pirogues de certains de nos collègues prennent de l’eau et demandent fréquemment un bon temps de réparation. Nous avons ainsi des problèmes d’approvisionnement et enregistrons de grosses pertes. Je suis très heureux pour ce nouveau matériel ».
En rappel, la pêche artisanale maritime est très active au Cameroun. L’on estime sa production entre 30 et 35 000 tonnes par an, dont 15 000 tonnes de crevettes et de poissons. Environ 6 400 pirogues contribuent aux opérations de capture dont 23% seraient motorisées. Il est aussi à noter que les trois quarts des pêcheurs sont des immigrés nigérians. Toutefois, au Cameroun, les activités de pêche sont limitées par les déplacements des poissons et parfois par le mauvais temps, pendant la saison des pluies. Aussi, à Kribi, les pêcheurs Batanga ne peuvent-ils pratiquement compter que sur 250 jours de pêche par an. Ce don constitue donc un appui non négligeable dans le développement de la pêche artisanale dans la ville balnéaire.
Yves Zembida