Une mission de la Banque mondiale a posé ses valises dans la ville de Bertoua, capitale régionale de l’Est, mercredi 25 septembre 2024. L’objectif de cette visite est d’évaluer l’effectivité du transfert de compétences en matière de décentralisation au Cameroun. Un point essentiel dans le cadre des accords de financement signés entre l’institution financière et le gouvernement camerounais.
C’est en début d’après-midi que Jade Mali Mizutani, le spécialiste principal du secteur public, unité Afrique de l’Ouest et du Centre, pôle mondial gouvernance et sa suite, ont été reçus par Jean Marie Dimbele Sodea, le maire de la ville de Bertoua. Une visite de travail qui s’inscrit dans le cadre des accords signés entre la Banque mondiale et le gouvernement du Cameroun en 2023, relativement au financement de la décentralisation. Il était question pour l’institution d’échanger avec les acteurs locaux afin de faire un diagnostic exhaustif des avancées du transfert de compétences aux CTD, tout en mettant un accent sur les volets sanitaire etéducatif mais aussi les travaux publics, l’eau et l’énergie. Il fallait aussi identifier les freins dans la mise en œuvre des accords bilatéraux et du code général des collectivités territoriales décentralisées, d’étudier l’équité entre la redistribution des ressources au niveau horizontal (communes et régions) et vertical ( niveau central et local). En effet, avec la loi N- 2019 du 24 décembre 2019 portant code général des collectivités territoriales décentralisées, le Cameroun est entré dans une nouvelle phase en ce qui concerne le développement local. Ce code place les communes au cœur du développement local à travers des compétences élargies accordées sur des domaines variés notamment l’autonomie sur l’orientation budgétaire et les projets à inscrire dans le plan d’action de développement local. Cela suppose donc un développement optimal qui tienne compte des besoins réels et des opportunités de chaque collectivité. Une loi qui cadre avec les objectifs du Cameroun inscrits dans sa Stratégie Nationale de Développement 2020 -2030.
La Banque mondiale se veut un partenaire sérieux du Cameroun dans ce cadre. Le pays a bénéficié d’importants financements de l’institution financière dans la réalisation de nombreux projets de développement tels l’appui à la construction des infrastructures énergétiques (Nachtigal, Lom-pangar), routières (autoroute Yaoundé – Nsimalen), éducatives, sanitaires…En novembre 2023, l’institution de Bretton Woods a signé trois conventions d’un montant cumulé de 930 millions de dollars US (environ 570 milliards de FCFA), destinés au financement de trois projets de développement au Cameroun.
Sur le point de la décentralisation, le projet de Gouvernance Locale et Communauté Résiliente (PROLOG), objet du troisième accord de financement, a bénéficié d’une enveloppe de 300 millions de dollars US (environ 180 milliards de FCFA) destinés à 180 municipalités. Grâce à ces gestes, la Banque mondiale entend améliorer l’inclusion socio-économique et la résilience des communautés fragiles, par le renforcement de la gouvernance locale et l’engagement des populations bénéficiaires dans la prestation des services et la création des opportunités socio-économiques. L’ambition est de faire des CTD, de véritables pôles de croissance et de développement économique et social inclusif.
C’est donc en droite ligne de la consolidation de ces actions entreprises par les deux partenaires que s’inscrit la visite de travail de Bertoua. Il s’agit en fait pour la Banque mondiale de s’assurer de l’effectivité de la bonne gouvernance, des bonnes pratiques et le transfert de compétences inscrit dans le cadre desdits accords, indispensables pour le Cameroun, si le pays veut s’assurer, à long terme, les financements et le soutien de l’institution.
Yves Zembida