Carrefour Ekounou : Le rêve d’une vie

Depuis près de 12 ans, ses soirs, il les passe au carrefour à approcher les passants pour proposer ses services. Des vêtements de la friperie, dont le ballot coûte en moyenne 150 mille FCFA, il vend la pièce à 2500 FCFA, au minimum.

Avec ses collègues, ils se sont fixés des prix limites pour décourager les clients les moins enclins à la dépense. Tous les mois, il se rend à Douala pour acheter un nouveau, pour en tirer en moyenne 300 mille FCFA. Il n’a jamais  rêvé de faire autre chose, tout du moins à part le commerce. Son rêve de la  vie, sa vie de rêve  sont une même réalité : devenir un vendeur de vêtements, un grand commerçant. Une passion longuement entretenue depuis sa  petite jeunesse dans les ruelles de la capitale. : «  je suis heureux de ce que je fais, je ne me plains pas,  ce travail, bien que je le fais en soirée en uniquement faute de local, il me permet de vivre et prendre soin des miens. Et à vrai dire, c’est bien plus facile d’être vendeur à la sauvette  le soir que de tenir une boutique. Parce que en journée, personne tout le monde est occupé en journée…Tous les soirs je vends au moins pour 10 mil francs CFA. Avec la friperie, on n’est jamais perdant ».

Au carrefour Ekounou, à 15 ans, il embrasse le métier de vendeur à la sauvette, et il va s’y  rompre , mais dès le début en tant que démarcheur. Un métier dans le métier. Celui-ci est réservé aux apprentis.  Il y fera alors sept ans.  Un temps qui lui a permis de cerner les arcanes du métier afin de lancer son affaire. Là aussi, il apprend à être majeur, autonome,  père, et responsable de famille.  Surtout apprend t-il à connaître l’adversité , la critique, les dures réalités du monde, bref pour tout dire, à être un homme. «  Ma mère que trouvait que ce métier ne m’allait pas vraiment, que cela s’apparentait beaucoup à une histoire sans issue… mais qu’est-ce qui nous va ?? Sans nous la grande majorité des gens auront du mal à se vêtir… ce métier est très important ».

  Devenu désormais acheteur, C’est grâce à ce travail de vendeur à la sauvette ou  simplement «  sasauveteur » qu’Adrien doit tout. Aujourd’hui il  lui permet de  subvenir au besoin de sa famille, ses trois enfants et son petit frère et aussi  de se projeter dans l’avenir : Avec mon expérience dans le marché, la collaboration entre nous les sauveteurs pour nous adapter face à la clientèls et aux réalités du moment, grâce aux  bénéfices, je suis en phase d’acquérir un lopin de terre pour construire et j’ai un avenir dans le commerce… »  Un Avenir qu’il espère radieux grâce aux efforts constants, à l’acceptation  de la critique , grâce à la passion qu’il voue au métier.  L’histoire  de sa vie qui s’écrit  encore, est celle d’un jeune battant, qui refuse le conformisme et rejette les préjugés, elle surtout celle d’un jeune qui valorise un secteur d’activité autrefois méprisé.

Yves zbenda

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