À 28 ans, Stéphane Fouapou est chef d’entreprise. Plusieurs millions de francs CFA dans l’escarcelle, il emploie une dizaine de Camerounais dans un secteur innovant.
Rien à voir avec la restauration, une échoppe ou un snack bar qui courent les rues. Lui Stéphane, de ses nombreux projets qu’il incarne, il aime à se révéler comme « éleveur d’insectes», un concept qui, pour certains, donne à rire. Pourtant, du haut de son expérience, il va en faire un pionnier dans le développement de l’industrie agroalimentaire et compte nourrir l’Afrique. « l’Afrique, en particulier l’Afrique centrale, a un très grand problème d’alimentation et de nutrition. Les Africains mangent mal…; nous avons des terres fertiles certes, mais quand on pense à une économie durale, on se rend vite compte que la terre ne suffira pas et que les coûts relatifs à son exploitation sont élevés. C’est pourquoi nous apportons des solutions nouvelles qui ne coûtent pas cher. »
Les technologies et techniques utilisées pour produire sont entre autres l’entomologie (partie de la zoologie qui traite des insectes) pour ce qui est de l’élevage des hannetons, hydroponie (technique alternative de culture des végétaux qui peut être mise en place dans des exploitations agricoles de toutes tailles), la cuniculture (l’élevage des lapins domestiques). Elles ont fait leurs preuves ailleurs dans certains pays, à l’instar de la Chine et ne nécessitent ni de grands espaces, ni de gros moyens financiers. « Les techniques comme l’hydroponie et l’entomologie qui sont des cultures en non-sol nous permettent de réduire notre dépendance vis-à-vis de la terre et de produire massivement. Avec un mètre carré de surface, on a des protéines pour des centaines de ménages, ce qui n’est pas possible avec le sol. »
Dans le quatrième étage de son nouveau site à la Neptune Kodengui, Stéphane règle les derniers détails des commandes du mois avec ses collaborateurs. Cinquante-sept clients attendent des semences ; d’autres s’inscrivent à des formations en vue du lancement de leurs propres projets. Pour le promoteur, cela témoigne du succès de cette initiative : « nous recevons des commandes tous les jours. Elles ne viennent pas seulement de nos prospects ou de nos clients ; elles viennent parfois des endroits où nous n’avons jamais mis les pieds. Ce qui prouve que l’idée fait son bonhomme de chemin. C’est encourageant. »
Les chiffres sont éloquents. Dans la filière entomologie, la récolte de juin s’est élévée à plus de 2,5 tonnes. Une production qui va générer à sa structure une dizaine de millions de francs CFA. Un des nombreux avantages des technologies est qu’elles réduisent le temps d’élevage et accroissent les gains. «En ce qui concerne l’entomologie, nous faisons des récoltes deux fois par mois. Nous faisons bien maturer les hannetons, et nos bacs font cinq tonnes. Lorsque nous arriverons à une dizaine de bacs, une vingtaine, le résultat sera énorme. »
Malgré ces résultats encourageants, l’activité rencontre de nombreux obstacles, à commencer par l’ignorance des citoyens. À cause du manque d’information et d’éducation, le métier essuie de nombreuses critiques des gens qui voient en ces produits, des aliments de qualité douteuse et donc impropre à la consommation. « Cela n’est pas vrai pourtant. Nos produits sont bio et c’est ce que nous mettons en avant dans le cadre de notre développement. Donner aux Africains des produits de bonne qualité et en quantité suffisante à des coûts raisonnables, est notre raison leitmotiv. »
Yves Zembida