«J’étais au quartier, je ne faisais rien. J’ai arrêté les études en classe de 3eme. Ce n’est pas l’envie de continuer qui manquait, mais ce sont les moyens. En 2018, je me suis donc lancé dans l’entrepreneuriat, pour faire quelques choses de mon temps et de ma vie. Et depuis quatre ans, j’ai mon petit commerce et je sers mon pays… ce serait intéressant que le pays commence à épauler réellement les jeunes entrepreneurs »
Très loin des établissements scolaires où il rêvait de prendre son baccalauréat, Willy avoue tout de même être au bon endroit. Le métier qu’il fait aujourd’hui n’est pas si éloigné de celui de son enfance. Il se voyait alors être un grand chef cuisinier, se perdre dans les saveurs culinaires, et procurer des délices aux papilles gustatives de ces clients dans un restaurant huppé quelque part dans la ville. À ce rêve, cette voie tracée, la vie lui en donnera un autre, proche ,mais beaucoup moins expéditive et plus pénible. Il doit lui-même façonner sa carrière au gré du temps devant son étale au quartier Oyack où il vend les saucisses. Aujourd’hui l’activité lui a valu une reconnaissance plus marquée de son talent de « cuisinier », Willy impressionne autant il suscite l’admiration.
Avec seulement 40 milles FCFA, il a lancé son petit projet de commerce il y’a quatre ans. Cette somme lui a permis de s’offrir le nécessaire, dont un parasol ( 12mille FCFA), une table, du pain, la viande, mayonnaise, piment, carotte… Malgré les difficultés relatives à l’augmentation du coût de la vie, il est resté résilient et optimiste. Sans minimiser la cinquantaine de FCFA, que lui propose un client pour une saucisse de 100frs, il a au contraire su capitaliser sur cela même pour s’adapter et élargir sa clientèle. Ainsi, grâce à son petit commerce, il parvient, en plus de ses charges, à payer les 50% de la pension scolaire de son frère cadet qui s’élève à cent-dix mille CFA, n’y comptant pour rien la ration quotidienne. Mais ce n’est pas le fin, Willy renoue avec son rêve d’enfance , et projette d’ouvrir restaurant, à la suite de sa formation en hôtellerie et restauration l’année prochaine.
Yves Zembida